CONCERTATION PUBLIQUE ET ZAD : LES LIMITES DE LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE
Après Notre-Dame-des-Landes, des « ZAD » risquent-elles de se développer partout en France ? Rien n'est moins sûr. Toutefois, le phénomène zadiste révèle les limites de la concertation citoyenne.
La concertation publique est devenue une étape essentielle de toute politique locale d'aménagement. Pourtant, il arrive que cela coince. Pour l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique, 2 098 habitants) ou le Center Parc à Roybon (Isère, 1 229 habitants), le dialogue avec la population s'est rompu pour faire naître des ZAD, des « zones à défendre ». Ces cas d'espèce interrogent la pertinence des dispositifs de concertation de la population. Peuvent-ils réellement éviter ces situations de crise ? Comment les anticiper ? Quelle forme de concertation pratiquer dans les communes de petite taille ? Au carrefour des préoccupations environnementales, du développement local et de la pression des projets menés par l'État, les maires de Notre-Dame-des-
Landes et de Roybon témoignent.
Le marteau de l'aménagement et l'enclume de la ZAD
Si des ZAD se sont constituées à Notre- Dame-des-Landes et à Roybon, les enjeux d'aménagement de ces deux territoires ne sont pas les mêmes. À Notre-Damedes-Landes, un projet vieux de 50 ans a refait surface dans les années 2000 : la construction par l'État d'un aéroport surune zone humide et agricole de 1 600 hectares. Le maire, Jean-Paul Naud, y est farouchement opposé: « La construction d'un nouvel aéroport allait nuire à l'environnement, favoriser le gaspillage de terres agricoles et accélérer l'étalement urbain que nous voulions justement limiter.» En effet, auraient également été transférées les entreprises associées à l'aéroport, déplaçant un nombre important de travailleurs et leurs familles. « Alors que réhabiliter et agrandir l'aéroport existant de Nantes-Atlantique coûterait moins cher », poursuit-il. Attaqué en justice par des associations d'élus et de citoyens, le projet a été reporté d'année en année. Mais il est surtout devenu médiatique. La « zone d'aménagement différé », ou ZAD, a été transformée en « zone à défendre »par des agriculteurs expulsés et des sympathisants extérieurs à la commune. Mais l'édile n'entretient « aucun rapport avec la ZAD ». « Ils prétextent lutter contre l'aéroport pour lutter contre la société en général.» Pour lui, il y a là « deux luttes différentes» : celle des zadistes et celle des élus locaux...(...)
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