ÉCHARPES TRICOLORES ET GILETS JAUNES : MÊME COMBAT ?
Le mouvement des Gilets jaunes, en interpellant un pouvoir régalien, souligne la nécessité de redéfinir les rapports des territoires à l'État.
En très peu de temps, le mouvement s'est mis en marche, balayant les certitudes, propulsant sur le devant de la scène une cohorte d'inconnus, manifestant défiance à l'égard des corps intermédiaires, tenant à distance partis politiques et syndicats et, in fine, faisant vaciller le pouvoir en place.
Une cruelle analogie
Certes, comparaison n'est pas raison. N'empêche. Comment ne pas souligner l'ironie mordante de l'analogie entre Gilets jaunes et « macronisme » ? Même ascension inattendue et fulgurante dans le paysage politique. En quelques semaines pour le mouvement des exclus du pouvoir d'achat, en quelques mois pour le jeune candidat à l'élection présidentielle. Même dimension apolitique, ouvertement revendiquée par les Gilets jaunes et exprimée dans le fameux « ni droite ni gauche » d'Emmanuel Macron. Même renouvellement des visages : de ceux de la France d'en bas occupant les ronds-points à ceux de la légion de nouveaux parlementaires envoyés à l'Assemblée dans le sillage de la présidentielle. Même dédain pour les représentants des Corps constitués.Les Gilets jaunes vont jusqu'à refuser de désigner leurs propres porte-parole, tandis que le nouveau pouvoir, de la réforme du travail à celle de la SNCF, se garde d'y associer les responsables syndicaux. Pour ne rien dire des élus, incarnant par excellence « l'ancien monde » honni, convoqués à d'illusoires conférences nationales des territoires. Jusqu'à la volonté présidentielle d'une réforme constitutionnelle en faveur d'une « démocratie rénovée » à laquelle répondent aujourd'hui des Gilets jaunes qui, selon le chercheur Luc Rouban, « expriment également dans leurs revendications une demande de démocratie horizontale et une défiance profonde à l'égard des institutions républicaines comme de la démocratie représentative » [1]. Et si, finalement, les Gilets jaunes ne faisaient que réaliser l'ambition présidentielle ? Au risque, pour celle-ci, après avoir initié le « dégagisme », d'en faire à son tour les frais.
La révolte des élus locaux
Depuis l'installation du nouveau gouvernement, ses relations avec les élus locaux ne sont pas un long fleuve tranquille. Pas étonnant que certains maires soient allés jusqu'à afficher ouvertement leur...(...)
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