LES LIAISONS DANGEREUSES AVEC LA PRESSE
Dans bien des régions, la presse est le principal miroir de la politique locale. Son reflet a donc une importance capitale.
Dans le manoir du Prince, à Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne, 9 707 habitants), Jean-Michel Baylet est un peu chez lui. Ce vendredi 30 novembre 2018, le « baron du sud ouest » monte sur scène pour une énième cérémonie. Voilà plus de 40 ans qu'il prend la parole, d'assemblée en salle des fêtes, auréolé d'une fonction ou d'une autre. « Cette troisième édition d'Occinov est l'occasion de fêter l'innovation, la créativité, la volonté et la combativité des entrepreneurs de notre région », énumère-t-il avec le naturel d'un chargé de communication. Il faut dire qu'il est partenaire de l'événement : pas en tant que conseiller départemental du Tarn-et-Garonne voisin, mais en sa qualité de PDG du Groupe La Dépêche du Midi. « C'est notre mission de média de faire connaître ces réussites et ces talents », précise-t-il, pour les extraterrestres qui ignoreraient qui il est.La pluie et le beau temps
Ici, on connaît d'autant mieux Jean-Michel Baylet qu'un épais portefeuille ne suffirait pas à contenir toutes ses cartes de visite. Tour à tour maire, député, secrétaire d'État, ministre, président du conseil départemental et sénateur, il dirige aussi et surtout le quotidien du secteur depuis 1995. Audacieux mélange des genres : en 2017, La Dépêche du Midi était chaque jour sur la table de 140 000 (é)lecteurs, un chiffre de diffusion deux fois plus élevé que celui de Libération.Lieu de « cristallisation des expressions politiques locales » pour Emmanuel Marty, maître de conférences en sciences de l'information, la presse quotidienne régionale (PQR), « reste le principal acteur de l'information de proximité dans bien des endroits », ajoute Loïc Ballarini, également enseignant-chercheur. Les élus du coin ont donc tout intérêt à éviter de se fâcher avec le patron de presse. En juillet, le maire de Toulouse (Haute-Garonne, 471 941 habitants), Jean-Luc Moudenc, a d'ailleurs consenti un bel effort en lui rendant visite au siège de La Dépêche du Midi. Ce n'était pas vraiment de gaieté de coeur. En 2016, le quotidien aurait soigneusement évité de citer son nom dans une série d'articles, préférant évoquer « le maire de Toulouse ». C'était une « consigne », a dévoilé un de ses journalistes. À quoi Jean-Luc Moudenc a réagi sur ...
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