PLAN PAUVRETÉ : LA CANTINE À 1 EURO
Le plan national de lutte contre la pauvreté, présenté en septembre dernier par le président de la République, prend l'engagement d'« assurer une alimentation équilibrée pour tous les enfants ».
Il s'agit de remédier à une situation préoccupante. Selon une étude du CREDOC, 7 % des enfants partent à l'école le ventre vide, et ils sont 15 % lorsqu'ils sont issus de milieux défavorisés. Dès lors, deux principales mesures sont prévues : d'une part, distribuer des petits-déjeuners gratuits dans les écoles classées en Réseaux d'éducation prioritaires (REP et REP +) et, d'autre part, dans certaines communes petites ou moyennes comme dans les quartiers prioritaires de villes plus importantes, de fixer le tarif du repas pris à la cantine à 1 euro seulement. Une décision présidentielle assurément populaire, mais qui interpelle néanmoins les maires concernés.
Scepticisme des élus locaux
Du côté de l'Association des maires de France (AMF), la prudence s'impose : « La cantine à un euro, pourquoi pas ? Mais les moyens financiers restent à préciser », constate Sylvine Thomassin, vice-présidente de l'AMF et maire de Bondy (Seine-Saint-Denis, 53 439 habitants). La réaction de Philippe Rio, le maire de Grigny (Essonne, 28 424 habitants), est symptomatique de la circonspection d'un grand nombre d'élus locau : « Je ne comprends pas l'annonce du président Macron relative au fait que la cantine coûterait 1 euro pour tous les enfants : qui paiera la différence ? » Même son de cloche en province : « La cantine à 1 euro, c'est une déclaration généreuse, mais non suivie d'effet. Qui va payer le reste ? C'est sur le budget des communes ! », s'insurge Gilles Leproust, maire d'Allonnes (Sarthe, 11 128 habitants). Et il est vrai que, de la taxe d'habitation à l'aide aux déplacements des automobilistes, les élus tendent à se méfier de plus en plus d'une générosité présidentielle qui s'effectue souvent… avec l'argent des autres.
Inciter à la tarification sociale
Le président de la République a pourtant tenté de rassurer en précisant qu'une « incitation financière sera mise en place en direction des communes les plus pauvres et n'ayant pas développé de tarification sociale dans les cantines ». Il n'y aurait donc pas obligation mais uniquement incitation. Celle-ci, réservée aux communes les plus fragiles ainsi qu'à celles de moins de...
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