VERS L’ARMEMENT DE TOUS LES POLICIERS MUNICIPAUX ?
Un rapport parlementaire préconise de généraliser le port d'armes à feu à l'ensemble des policiers municipaux, une pratique d'ores et déjà majoritaire.
Mai 2010 : au terme d'une course-poursuite sanglante, Aurélie Fouquet, policière municipale à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne, 28 511 habitants), est exécutée à la kalachnikov par un commando de braqueurs mené par Redoine Faïd. Janvier 2015 : Clarissa Jean-Philippe, policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine, 49 255 habitants), croise la route du terroriste Amedy Coulibaly qui l'abat de plusieurs balles dans le dos. Septembre 2018 : Pascal Filoé, responsable de la police municipale de Rodez (Aveyron, 23 949 habitants), meurt sous les coups de couteau d'un marginal.
La course aux armements
En moins d'une décennie, les agents communaux sont devenus des cibles de choix. Pas étonnant alors que le nombre de policiers municipaux armés ait connu une progression particulièrement rapide (voir encadré « En chiffres »). Selon le CNFPT, chargé de leur formation à l'armement, c'est en juin 2017 que s'est opéré la bascule avec, à compter de cette date, une majorité des 21 454 policiers municipaux armés d'une arme à feu. Ils n'étaient encore que 37 % en 2014. « Les attentats de 2015-2016 ont eu une fonction d'électrochoc, confirme la sociologue Virginie Malochet de l'IAU Île-de-France. Ce moment-là est marqué par une inflexion sécuritaire et une accélération de l'armement. » Ces années sont en effet celles des attentats de Charlie-Hebdo, de l'Hyper Casher, du Stade de France, du Bataclan, de la promenade des Anglais et de la promulgation de l'état d'urgence. La France a peur. Pour preuve, Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille (Bouches-du-Rhône, 861 635 habitants), qui déclarait en 2011 : « Si armer la police municipale était la bonne solution, il y aurait moins de délinquance dans les villes où elle a été mise en oeuvre. » En 2015, il décide pourtant d'armer ses agents de pistolets Manurhin.
Des maires sous pression
À Annemasse (Haute-Savoie, 35 234 habitants), c'est fin 2016 qu'est prise la décision...
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